La différence entre conception et éco-conception tient en un mot : l’environnement. L’éco-conception d’un produit, c’est la recherche d’un subtil équilibre visant à minimiser l’ensemble des impacts environnementaux sur son cycle de vie, tout en maintenant ses qualités et performances au meilleur coût de production. Cette démarche, en limitant les émissions de polluants et en favorisant une moindre consommation de ressources, contribue à la réduction des impacts de l’activité humaine sur l’environnement, la santé et la biodiversité.
Du côté de l’entreprise, l’éco-conception répond aussi à des enjeux de maîtrise des coûts, notamment ceux des matières premières, d’énergie et de logistique. Elle concourt de fait à la gestion des risques et au respect des contraintes réglementaires. En interne, elle favorise la mobilisation des équipes autour d’un sujet fédérateur et porteur de sens. Elle permet enfin, grâce à l’innovation et l’amélioration du produit, de satisfaire ou d’anticiper les exigences des donneurs d’ordres et les attentes des clients pour accéder à de nouveaux marchés.
• Une démarche rigoureuse d’aide à la décision
Ces avantages compétitifs conduisent de plus en plus d’entreprises à se lancer dans l’éco-conception. Cette démarche, rigoureuse et structurée, débute nécessairement par l’analyse exhaustive du cycle de vie du produit. Une évaluation « multi-étapes » couvre l’intégralité de ce cycle, de l’extraction des matières premières jusqu’au traitement final des déchets ; en passant par sa fabrication, sa distribution et son utilisation. Une évaluation « multicritères » la complète et porte sur ses impacts environnementaux : consommation d’énergie, épuisement des ressources naturelles, effet de serre, pollution de l’eau, de l’air et des sols, quantité de déchets générés, etc. Cette approche globale implique d’associer directement ou indirectement les acteurs qui interviennent en amont et en aval du producteur pour bien appréhender l’ensemble du cycle de vie.
Cette analyse approfondie fournit un véritable outil d’aide à la décision pour l’éco-conception. Elle permet, à partir de l’identification des principales sources d’impacts, de modéliser et d’optimiser les déplacements de pollution liés aux alternatives envisagées pour la conception et la fabrication du produit, voire d’améliorer ses caractéristiques. L’entreprise peut alors arbitrer objectivement en fonction de ses contraintes économiques et de ses priorités environnementales.
• Des ressources et des aides en Région Rhône-Alpes
Pour encourager l’éco-conception en Rhône-Alpes, la Région a mis en place des dispositifs de soutien aux entreprises désireuses de s’engager dans cette voie. Lancée en 2008, la plate-forme régionale INNOV’R aide à financer les éco-innovations des TPE, PME et PMI. Déjà plus de 400 candidatures ont été étudiées et 150 projets subventionnés, preuve que le dispositif répond à une appétence et un besoin des entreprises en la matière. Une aide à l’investissement peut, par ailleurs, être attribuée pour l’intégration dans les procédés de production de technologies propres, sûres et sobres.
Volet environnemental du plan PME de la Région, le programme ACCES Rhône-Alpes comprend également un axe « éco-conception », portant sur les produits et les biens d’équipements industriels. Alternant séances collectives et accompagnement individuel, il aide les entreprises à mettre en place la démarche de façon simple et pragmatique.
Soulignons enfin que l’Ademe propose également des outils méthodologiques et des aides financières aux entreprises intéressées par l’éco-conception.
Le territoire rhônalpin recèle en outre des ressources d’excellence en la matière.
La Ville de Saint-Etienne abrite ainsi un pôle national en éco-conception et management du cycle de vie. Cette association propose aux PME-PMI ses outils et méthodes, ainsi que des ateliers techniques, des formations à la demande et, bien sûr, un accompagnement spécifique. Les entreprises adhérentes peuvent notamment bénéficier d’un pré-diagnostic en éco-conception à l’issue duquel un expert définit plusieurs stratégies possibles.
En Savoie, l’agence Rhône-Alpes pour la maîtrise des matériaux (Aramm) s’attache à promouvoir le triptyque « éco-conception, design et matériaux », tandis que l’université de Savoie et l’École nationale supérieure des arts et métiers dispensent un mastère en éco-conception et management environnemental.
• Des consommateurs en demande de repères fiables
Une fois la démarche initiée, autant le faire savoir ! Pour communiquer sur les vertus écologiques de son produit et valoriser son positionnement, l’entreprise a tout intérêt à demander l’un des deux écolabels officiels délivrés en France : la marque NF Environnement pour le marché français et l’Éco-label européen pour le marché de l’Union européenne. Tous deux garantissent la qualité d’usage du produit et la réduction de ses impacts environnementaux tout au long de son cycle de vie. Ils sont attribués, après évaluation, par un organisme indépendant qui vérifie ensuite régulièrement la conformité du produit aux critères requis pour la catégorie concernée (téléviseurs, ordinateurs, ampoules, peintures et vernis, lubrifiants, détergents, produits de nettoyage...).
Cette certification permet d’associer l’objectivité des écolabels à l’image du produit, notamment auprès du grand public qui souhaite de plus en plus « consommer durable » et recherche des produits plus respectueux de l’environnement et de la santé...
Or, les rayons foisonnement, aux côtés de ces écolabels officiels, d’étiquetages divers à portée ou revendications environnementales. Une situation qui entraîne une confusion certaine. Ainsi, l’auto-déclaration environnementale, élaborée par le producteur sous sa seule responsabilité, ne porte le plus souvent que sur une seule caractéristique du produit ou ne concerne qu’une étape de son cycle de vie (recyclable, consommation réduite d’énergie…). Pour sa part, l’écoprofil, élaboré par un industriel après avoir mené un bilan environnemental, ne constitue qu’une photographie « à l’instant t » des impacts du produit qui sont traduits par quelques données et indications quantitatives et qualitatives.
Au final, c’est au consommateur qu’il revient de s’informer et de comparer !
• Pour en savoir plus
• Liens
Plate-forme régionale de financement des éco-innovations INNOV’R :
http://eco-innovations.rhonealpes.fr/spip.php?rubrique2
Programme régional ACCES Rhône-Alpes :
http://management-env.rhonealpes.fr/spip.php?rubrique236
Pôle national en éco-conception et management du cycle de vie, basé à Saint-Etienne :
http://www.eco-conception.fr/
Ademe, rubrique « Management environnemental et éco-produits » :
http://www2.ademe.fr/servlet/KBaseShow?sort=-1&cid=96&m=3&catid=12621
Tout savoir sur les écolabels : http://www.ecolabels.fr/fr
• Documents à télécharger
« Éco-conception : 4 raisons de se lancer », argumentaire, septembre 2012, Ademe (Ademe-EcoConception-Argumentaire-2012.pdf)
« Les logos environnementaux sur les produits », collection Comprendre, juin 2013, Ademe (guide-ademe-logos-environnementaux-produits.pdf)
• Chiffres clés
En 2012, 17 % des entreprises rhônalpines indiquaient avoir mis en œuvre, au cours des deux dernières années, des actions d’éco-conception de produits et/ou de services. (Source : baromètre « TPE/PME et développement durable » de la chambre régionale de commerce et d’industrie de Rhône-Alpes)
Plate-forme régionale de financement des éco-innovations Innov’R : 400 candidatures évaluées sur les 4 premières années de fonctionnement (2008-2012) et 150 projets financés pour un montant de 10,5 millions d’euros.
49 catégories de produits ou services sont susceptibles d’obtenir l’un des deux écolabels délivrés en France : la marque NF Environnement et l’Éco-label européen.